Séminaire I
Thématique: Image de soi, image de l'autre
Responsable : Rodolphe Baudin
Le séminaire a pour but d'interroger quelques cas d'interactions culturelles ou de stratégie de construction de l'identité nationale, au cœur des préoccupations scientifiques des membres de l'EA 1340. La première intervention, donnée par Mme Aya Sakkal, maître de conférences d'arabe, portait sur la construction de l'image de l'autre dans le roman de l'écrivain soudanais Tayyeb Sâlih Saison de la migration vers le Nord. La deuxième intervention, due à Nader Nasiri-Moghaddam, maître de conférences de persan, visait elle-aussi à déconstruire l'image de l'Orient construite par les textes de l'Occident à l'époque de la colonisation. La troisième intervention, donnée par Rodolphe Baudin, maître de conférences Hdr de russe, portait sur les voyageurs russes à Strasbourg au XVIIIe siècle, notamment sur Nikolaï Karamzine, qui séjourna brièvement en Alsace au début de la Révolution française. L'analyse de ce récit de voyage permet d'étudier la spécificité du regard russe sur l'Alsace à l'époque des Lumières. Enfin, Amotz Giladi, ATER d'hébreu, présenta deux revues littéraires israéliennes contemporaines, Ho ! et Ma'ayan,afin d'éclairer la manière dont leurs choix éditoriaux étaient également des choix politiques, que ceux-ci s'expriment par le recours à un humour proche du dadaïsme, ou par le retour à l'adhésion à l'art pour l'art, choix courageux dans un contexte social inféodant la culture à la politique.
![]()
Séminaire II
Thématique: Mémoires et sociétés
Responsable : Edgard Weber
Edgard WEBER a ouvert le séminaire par une réflexion théorique et méthodologique sur la mémoire, comprise comme un système de tri et d'oubli. Tomasi TOURIA, chercheure à l'Université de Toulouse, invitée du séminaire, a présenté ses recherches sur les musulmans d'Espagne après la Reconquista. Elle a axé son intervention sur les problèmes de l'identité et de la mémoire de cette minorité, en évoquant notamment les rapports entre les minorités et le pouvoir absolu, les rapports d'exclusion (réciproque) du monothéisme, la négation d'une mémoire. Christiane SEGUY dans son intervention « Réflexions sur la place de l'autobiographie dans les recherches historiques: l'exemple des mémoires de publicistes du XIXe siècle au Japon » a posé la question de l'objectivité du témoignage autobiographique, et a donné aux doctorants quelques pistes méthodologiques et analytiques sur l'utilisation de textes autobiographiques en tant que source dans le cadre d'une recherche historique. Emilia KOUSTOVA a parlé de la mémoire historique russe et soviétique du XXe siècle, en abordant notamment les questions de la mémoire du Goulag et des répressionsstaliniennes et en évoquant son impact sur l'identité russe aujourd'hui et la politique mémorielle du gouvernement actuel. Enfin, Mordechai SCHENHAV a analysé la perception différente de la guerre d'octobre 1973 entre l'Egypte et Israël et la place de cet événement dans la mémoire historique des deux pays. Il a insisté sur le fait que cette perception et cette mémoire collective dans les deux pays ne sont pas seulement contradictoires mais ne correspondent pas nécessairement à une analyse de la réalité « objective ». Les attentes différentes dans ces deux pays avant la guerre et leur matérialisation ou non après, ont conditionné la vision que les deux sociétés ont gardées de cette guerre.
Séminaire III
Thématique: Genre et représentations
Responsable : Irini Tsamadou-Jacoberger
Ce séminaire s'est inscrit dans la thématique fédératrice annoncée dans le projet quadriennal 2007-2011 du GEO « Le genre dans la langue, la littérature et la société » et a comporté cinq contributions suivies de débats et de synthèses afin de mieux faire ressortir le caractère transversal du séminaire.
Les interventions de Julien DUFOUR (études arabes) « Genre grammatical et pudeur sociale à partir de quelques exemples yéménites » et d'Irini TSAMADOU-JACOBERGER (études néo-helléniques)« Les dimensions grammaticale et sociale de la catégorie du genre en grec moderne » ont illustré l'approche linguistique du genre et ont traité des questions telles que la standardisation des langues, les rapports entre langues de statuts différents, les changements en cours, des phénomènes qui font l'objet de choix d'ordre idéologique autant en raison de leur variabilité morpho-syntaxique que de leur ancrage référentiel éminemment social.
Amit ROFFE (études hébraïques), dans sa présentation intitulée « Les relations entre l'irruption de la poésie féminine et la société idéologique en Palestine aux années 1930 » et illustrant l'approche littéraire et en partie culturelle/civilisationnelle du genre, a montré que l'introduction d'une poésie écrite par des femmes au sein de la culture hébraïque et l'acceptation de celles-ci peuvent être considérées comme une étape socio-littéraire qui n'est pas sans avoir des répercussions sur l'évolution du mouvement sioniste. Il a examiné les relations entre l'irruption de la poésie féminine et la société idéologique en Palestine dans les années 1930 à travers les écrits d'Esther Raab, poétesse hébraïque aujourd'hui quasi oubliée, mais qui occupe une place importante dans la transformation évoquée plus haut et qui n'est pas dénuée d'intérêt pour quiconque veut étudier le devenir de la société israélienne dans un Etat nouveau et traditionnel à la fois.
Petros DIATSENTOS (études néo-helléniques) dans son intervention « Le féminisme libéral en Grèce: luttes, conflits et compromis durant l'entre-deux-guerres » a esquissé les grands traits du mouvement féministe en Grèce dans l'entre deux guerres, du point de vue sociologique et historique à la fois.
Dans sa contribution « Le féminisme musulman contemporain : paradoxe ou cohérence ? », Eric GEOFFROY (études arabes) a soutenu que le féminisme musulman participe du large aggiornamento qui s'opère dans l'islam contemporain et s'intègre aussi dans le mouvement mondial de lutte pour le respect de la femme et de la parité : certaines militantes de ce mouvement ne sont pas musulmanes, et le revendiquent. S'il existe toujours un danger de récupération idéologique, ce mouvement d'idées signe en définitive une sortie de l'islamisme traditionnel, du type de celui des Frères Musulmans. Selon certains chercheurs, il relève du ''post-islamisme'', ce que confirment les révolutions arabes en cours.
A la fois interdisciplinaire par la diversité des disciplines ici représentées (arabe, hébreu, grec) et transversal par le biais des approches proposées, linguistique, littéraire, civilisationnelle d'une thématique fédératrice, ce séminaire illustre bien la spécificité du GEO, qui réunit des chercheurs de différentes disciplines et orientations.